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[NEWS] Propriété intellectuelle et externalités de réseau (deuxième partie)

Dans la continuité de l'article sur la propriété publié par l'Expansion Management Revue et présenté sur LL.Net en deux volets le mois dernier*, voici le second volet d'un article très concret de Gestion 2000 sur le lien entre la PI et les externalités de réseau. Voici donc le deuxième et dernier volet** présentant les cas d'Intel et concluant sur le sujet.


Contrairement à IBM et Rambus, dont les approches sont polarisées, Intel a su choisir le bon mix***.

Intel sort son premier micro-processeur en 1971 (c'est alors un fabriquant de mémoires). Le marché se développe dès 1975, mais Intel n'est pas seul. D'autres concurrents, comme Motorola ou Zylog, existent. En 1978, Intel sort le 8086. Considéré comme inférieur au Motorola 68000, il est soutenu par une communication efficace. Elle met notamment l'accent sur la disponibilité de produits complémentaires, comme les co-processeurs. Intel est ensuite choisi par IBM pour son IBM PC. Les parts de marché d'Intel explosent alors. De 4,5% en 1981, elles passent à 12,8 % en 1983 puis 43,7% en 1985 aux USA !

A l'époque, la diffusion des licences est large. Les clônes de 8086 et de 8088 sont légion. C'est au bénéfice d'Intel, car le marché croît plus vite que prévu et l'abondance de l'offre évite un goulot d'étranglement. Le marché des produits complémentaires sert également les intérêts d'Intel. En 1984, Intel réduit le nombre de licences à 4. Il maîtrise sa PI, ce qui lui permet de contrôler le degré d'ouverture.

En 1985, à la sortie du 386, Intel n'accorde plus de licence et intente un procès (contre NEC et AMD notamment). Son département juridique est renforcé. Des imitations perdurent néanmoins (AMD, NextGen, Cyrix, etc). Intel cherche alors à affirmer son image. La campagne "Intel Inside" suivra. Seul AMD sait suivre. Mais Intel dispose de 80% du marché !

En 1995, un accord intervient avec AMD et Cyrix. L'ouverture est limitée. Il s'agit d'un bon compromis entre les besoins de différenciation et la nécessaire homogénéité du design dominant. Ca justifie le libre accès laissé à l'AGP, les licences SSE accordées à AMD après l'introduction de la technologie, etc. Par ailleurs, sa position de leader favorise l'adoption de ses technologies par le marché (les instructions MMX, par exemple).

Autre exemple intéressant, Motorola a aussi dosé sur une même technologie suivant sa position dans le secteur (faible pour les modems, forte pour les fax).

L'auteur de l'article propose trois principes tirés de ces études de cas :

1° Une politique hybride est plus efficace qu'une politique polarisée
2° La combinaison d'outils de protection (marque, brevet, copyright) de la PI est plus efficace qu'un outil pris individuellement
3° Le dosage entre protection et diffusion varie en fonction des objectifs de l'entreprise et de sa situation concurrentielle

En conclusion, la PI n'est pas un problème uniquement juridique mais aussi stratégique. L'envirionnement est également un élément important.

Source : Propriété intellectuelle et externalités de réseau, Gestion 2000, janvier-février 2003.

(*) Le sujet abordé dans cet article peut sembler "iconoclaste", mais se révèle pourtant bien d'actualité pour le mouvement des logiciels libres et Open Source, à l'heure des brevets logiciels et des procès du type "Mobilix". Il fait suite à une premier article sur l'exploitation des brevets et des marques (voir aussi la première et la seconde partie de ce premier article).
(**) Voir aussi la première partie.
(***) Comme le montrera la suite de cet article / résumé, ce "mix" a essentiellement servi les intérêts d'Intel. Les concurrents en ont souffert et leur nombre n'a d'ailleurs pas tardé à diminuer. Quant au client, il a certes bénéficié d'un design dominant et d'un rythme d'innovation élevé ; mais n'a-t-il pas souffert de tarifs élevés et d'une forme d'inflation technologique ?

Posté le 12 novembre 2003.


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