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[NEWS] Plein feu sur les logiciels libres aux REWICS 2004

L'édition 2004 des Rencontres Wallonnes de l'Internet Citoyen faisait la part belle aux logiciels libres / Open Source. Simplement évoqués lors de présentation de nouveaux moyens de publication en ligne (weblogs, wikis, moblogs), ils ont par contre fait l'objet de séances spécifiques sur des thèmes comme la migration vers du logiciel libre ou la gestion de bibliothèques à l'aide de logiciels libres.


Upcase, le web facilement déployable

Oliver Schneider, directeur commercial de la société Arafox [1], présentait l'outil Upcase. Ce dernier part du constat que, dans la conduite du changement, les facteurs non techniques sont généralement plus importants que les facteurs techniques. En effet, les associations ne possèdent pas forcément d'un service informatique. Bien que les logiciels libres soient disponibles en quantité, ces associations ne sont pas forcément capables de les évaluer et de les installer. Il était donc intéressant de réfléchir à la manière de mettre à leur disposition des outils Web qui soient libres.

Des outils Web ont été choisis car ils ne nécessitent pas d'installation en local. De cette manière, le problème du manque de compétences informatiques est contourné. Les logiciels libres sont quant à eux importants dans les administrations, puisqu'ils garantissent une réelle maîtrise des données stockées. Aujourd'hui, plusieurs centaines d'associations sont hébergées sur un serveur de l'ESNET [2] qui met à leur disposition plusieurs centaines d'applications écrites en PHP.

Le projet s'est déroulé en trois étapes.

  1. En collaboration avec trois associations pilotes, les freins à l'utilisation de logiciels libres ont été recherchés. Il a été constaté que les logiciels libres ne sont pas utilisés car, d'une part, les associations n'ont pas le temps de faire les recherches et, d'autre part, une fois que le choix est fait, divers problèmes techniques de peuvent pas être résolus. (par exemple, pour SPIP, l'installation, la gestion des droits d'accès, la gestion de la base de données, etc).
  2. Upcase [3] est en réalité un méta-logiciel qui reprend des agendas partagés, des forums, des outils de gestion de contenu, etc. Ces outils sont pré-packagés (logiciel + informations sur l'installation et la configuration). Ce packaging est intéressant car, pour PHP Nuke, par exemple, une fois le produit téléchargé et installé, il faut encore choisir des modules additionnels. Au final, quand on connaît le logiciel, il faut ? journée pour l'installer ! UpCase télécharge l'application et l'installe sur un hébergement Web via un système d'assistant. En moins de cinq minutes, 50 tables sont créées et l'application PHP Nuke fonctionne.
  3. Ensuite, il faut disséminer le projet. Maintenant que ça marche auprès des associations pilotes, il faut que cela marche ailleurs. Notamment, les règles de sécurité pour la plate-forme LAMP varient d'un hébergeur à l'autre, si bien que Upcase ne marche pour l'instant pas partout. De plus, les hébergeurs sont parfois embêté par ce genre d'outil car il prend en charge des services de déploiement traditionnellement payants ! L'ESNET essaie aujourd'hui de propager l'initiative.

Koha ? C'est « Koha » ?

Paul Poulain [4] -consultant indépendant spécialiste Koha- présentait le logiciel libre de gestion de bibliothèque Koha [5, 6], d'origine Néo-zélandaise (Koha signifie cadeau ou don dans la langue Maori).

Après avoir généré des applications techniques (Sendmail, Apache, etc), puis des applications grand public (Open Office, Mozilla, etc), le logiciel libre s'attaque aujourd'hui à des logiciels métier. Le code source du logiciel a en fait été libéré en 2000. A partir de 2002, des entreprises commerciales se sont impliquées dans le support du produit, ce qui est important pour des applications métier. La version 2rc est sortie en 2003 et la 2.2 est actuellement en chantier. En France, 6 bibliothèques utilisent Koha et 3 appels d'offre sont en cours avec la SSLL Linagora [7]. Cet appel d'offre indique que Koha est aujourd'hui reconnu par le monde de l'entreprise.

Pour qu'un logiciel libre bénéficie des avantages du Libre, il faut disposer d'une masse critique d'utilisateurs et d'une masse critique de développeurs. Ainsi, le projet peut se passer du départ d'une seule personne. Koha se répand progressivement et attire aujourd'hui des développeurs de France, des Etats-Unis et de Nouvelle-Zélande.

Les plus grosses bibliothèques gérées par Koha possèdent plusieurs centaines de milliers de livres. Celle de Nelsonville, dans l'Ohio, possède 160.000 ouvrages, 8 annexes et des milliers de lecteurs. Une serveur de puissance raisonnable permet de faire tourner Koha.

Koha respecte un certains nombre de standards. Les notices sont gérées au format MARC (et la grille MARC peut être paramétrée suivant, par exemple, que l'on veut privilégier la circulation des ouvrages ou la profondeur des recherches). Des informations peuvent être rapatriées de serveurs compatibles Z39.50.

Côté maintenabilité et extensibilité, Koha accepte un système de plug-ins et respecte une séparation entre la présentation et les traitements.

Bibliotheque : léger et hors ligne

D'abord présenté comme libre, Bibliotheque [8] est en réalité un graticiel. Ecrit en Visual C++ pour le compte d'une bibliothèque française, il tient sur une disquette et permet de gérer des bibliothèques de petite taille (bibliothèque municipale, de collectivité, etc). Il fonctionne hors ligne mais supporte le réseau. Il est utilisé par la bibliothèque de Huy pour la gestion de la réserve. L'idée est de passer à Bibliotheque puis, si possible, à Koha.

Les motivations pour passer à des solutions gratuites ou libres sont diverses :

  • les éditeurs de logiciels propriétaires de gestion de bibliothèques étranglent financièrement (je cite) les bibliothèques.
  • Ces logiciels propriétaires payants présentent des problèmes d'évolution.

Un des spectateurs cita ainsi l'exemple de Vubis [9], à qui sa bibliothèque aurait payé 3.000.000 BEF sur cinq ans. La version utilisée actuellement ne serait plus supportée par l'éditeur dans deux ans. 400.000 BEF supplémentaires seraient nécessaires à cette bibliothèque pour obtenir la nouvelle version VUBIS SMART.

Les faiblesses actuelles de Koha concernent la gestion des périodiques et l'extraction de statistiques pour les rapports annuels. D'un point de vue fonctionnel, Koha est considéré comme équivalent au logiciel Paprika [10].

Migrer... Oui ! Mais comment ?

Paul Muraille, de Robin Hood [11], traita de la problématique de l'introduction progressive de logiciels libres dans un environnement de travail.

Cette introduction relève de la gestion du changement. Il s'agit de ne pas introduire des logiciels libres de manière brutale. Il faut une stratégie progressive, par exemple en remplaçant progressivement des applications sous Windows (introduction de OpenOffice, Mozilla, etc). Il faut savoir que 70% des projets de migration échouent et que 30% abandonnent, principalement pour des raisons humaines !

La migration doit se faire en plusieurs phases :

  1. Il faut commencer par une analyse préalable : recherche des équivalents techniques, recherche des sources de support (éditeurs, forums, etc), etc. Il faut bien se dire que libre ne signifie pas gratuit et que les coûts sont répartis de manière différentes (coûts de formation, par exemple).
  2. Il faut désigner un chef de projet qui doit tester le logiciel et déterminer les différences avec le logiciels propriétaires couramment utilisé.
  3. Ensuite, ce chef de projet doit chercher des utilisateurs relais, qui vont accepter de faire le test. Mozilla Firefox et Thunderbird [12] pourront ainsi être installés, afin de diminuer la vulnérabilité du système informatique face aux virus. Open Office [13] pourra facilement être installé, mais pas auprès de la secrétaire qui fait sortir des documents (problèmes de conversion de fichiers) ! Pour des logiciels comme The Gimp [14], ce sera plus difficile, car il y aura une grosse courbe d'apprentissage pour les utilisateurs venant de Photoshop [15] par exemple.
  4. Enfin, la migration peut être généralisée.

Il faut bien se dire que les différences mineures entre l'ancien et le nouveau logiciel sont sources de frustration ! Le basculement doit se faire lentement ; les besoins, évalués avec soin et la satisfaction, évaluées par le biais de réunions avec les utilisateurs.

A côté de ces très bonnes choses, certaines affirmations au cours de l'exposé m'ont par contre « surpris » !

Les applications libres sous Windows ne sont pas toujours très stables
Tout-à-fait valable pour les premières versions de Mozilla (impression calamiteuse sous Windows, par exemple), des logiciels libres comme Mozilla (butineur et lecteur de courriels) ou Open Office (suite bureautique) font aujourd'hui preuve d'une excellente stabilité.

Vous disposez de toute façon d'un ordinateur avec Windows, qui ne vous coûte rien
S'il est vrai que les ordinateurs sont souvent fournis avec Windows et qu'il peut-être intéressant de garder le système fourni (ne fut-ce que pour des raisons de garantie), il ne faut pas oublier que selon Hewlett Packard France [16], les logiciels fournis avec un ordinateur comptent pour environ 25% de l'addition finale !

N'utilisez pas les PDF, c'est un format propriétaire. Prenez plutôt du XML avec une feuille de style. Mais c'est plus technique.
Plus technique... C'est le moins que l'on puisse dire ! Quant au format PDF, s'il est vrai qu'il est propriétaire, il n'en est pas moins documenté et utilisé à la fois sous Windows, sous GNU/Linux, sur les systèmes BSD et Unix en général ainsi que sur MacOS X. Le lecteur est fourni gratuitement par Adobe pour de multiples plates-formes et des lecteurs libres existent (GSView sous Windows ou KGhostView sous GNU/Linux, par exemple). Les fichiers PDF peuvent être créées à partir des fichiers Postscript des imprimantes (via ps2pdf sous GNU/Linux ou GSView sous Windows, par exemple) ou par de multiples graticiels (PDF995 par exemple). Il s'agit d'un format réellement universel, largement supporté ; bref, recommandable !

MySQL est plus performant que MS Access
Voici bien une phrase qui ne veut rien dire ! Ces deux logiciels ont en effet des objectifs fonctionnels totalement différents. MySQL est un serveur de bases de données, tandis qu'Access est une base de données fichier. MySQL supporte un grand nombre de connexions ainsi que de fortes montées en charges, tandis qu'Access est optimisé pour un usage bureautique avec, en particulier, un environnement graphique puissant et facile à l'usage. Enfin, Access supporte un jeu d'instructions SQL plus développé (requêtes imbriquées, par exemple) que MySQL (même si, suite au partenariat avec SAP, MySQL gagne de plus en plus en fonctionnalités).

Il faut constamment suivre l'évolution des logiciels libres, pour pouvoir les patcher. Ce n'est pas le cas des logiciels propriétaires car les correctifs sont annoncés à l'avance.
Il est bien difficile pour un utilisateur connaissant les deux mondes (logiciels libres et propriétaires) d'être d'accord avec cette affirmation. Le développement des logiciels libres étant ouvert, il est certain qu'il est possible (mais pas obligé) de bénéficier d'évolutions du logiciel au fur et à mesure de son développement. Cependant, tous les gros projets (Open Office, Mozilla, etc) proposent des versions stables pour l'utilisateur final, qui sortent à un rythme plus lent (Mozilla 1.3, 1.4, 1.5, etc ; Open Office 1.0.3, Open Office 1.1, etc), souvent comparable à celui des logiciels propriétaires équivalents. Il ne faut par ailleurs pas oublier la sortie des patchs correctifs sur certains logiciels propriétaires (nombreux patchs de sécurité pour Outlook ou Internet Explorer par exemple), qui imposent un astreignant travail de mise à jour régulière !

L'eBook : la culture menotée ?

Laurence Delaye, de la bibliothèque publique de Mons, présentait pour sa part les livres numériques. Ce secteur émergent est caractérisé par une abondance de l'offre (Cybook, @Folio, Aqcess, Rocket eBook, Everybook, etc) et des évolutions technologiques rapides (comme par exemple l'encre électronique e-Ink du MIT ou Gyricon de Xerox).

Ce qui m'interpelle, c'est la pérennité des oeuvres culturelles sous forme de livres numériques. La faillite de Cytale, en France, à l'origine du Cybook, pose ainsi question. Certes, il existe des normes (normes OEB pour Open E-Book), mais leur atteinte de la maturité prend du temps [17] ! De plus, ces systèmes incorporent de multiples dispositifs de protection sensés éviter la diffusion anarchique de copies pirates. Les fichiers se retrouvent ainsi parfois lié à un terminal unique ! Quid en cas de défaillance du matériel ou, pire, de faillite du constructeur (voir la faillite de Cytale [18]) ? Peut-on accepter ce type de procédé pour des produits culturels ?

Ces systèmes de protection conduisent d'ailleurs à des situations parfois dramatiques. Prenons l'exemple du russe Dmitry Sklyarov [21, 22, 23]. Citons [24] : « Dmitry Sklyarov est un cryptographe russe. Il a été arrêté par le FBI à la conférence DefCon en 2001. On lui reprochait une infraction au droit d'auteur après avoir démontré les faiblesses inhérentes au logiciel de chiffrage eBook d'Adobe. Dmitry a aidé à créer le « Advanced eBook Processor », pour le compte de son employeur russe Elcomsoft. Selon le site Web de la société, le logiciel permet aux utilisateurs du format eBook, de le traduire au format PDF (Portable Document Format aussi d'Adobe) beaucoup plus commun. Le logiciel ne fonctionne que sur des eBooks légitimement achetés. Il a d'une part, été utilisé par des personnes aveugles pour lire les manuels d'utilisateur en convertissant le document en PDF autrement inaccessible (outil d'accessibilité pour les personnes non voyantes), et d'autre part par les gens qui voulaient déplacer un eBook d'un ordinateur sur un autre (comme quelqu'un peut déplacer un CD de musique du lecteur domestique vers un ordinateur portable ou vers une voiture). Dmitry a été arrêté le 17 juillet 2001 à Las Vegas. Selon la plainte du Department Of Justice, on lui reproche d'avoir distribué un produit conçu pour contrevenir aux mesures de protection du droit d'auteur (« circumvention device »). Il a finalement été libéré contre paiement d'une caution de 50 000 $ et enjoint à ne pas quitter l'Etat de Californie. En décembre 2001, il est rentré en Russie mais ses actions sont contrôlées par la cour américaine. »

Des états des lieux sur les livres numériques sont notamment proposés sur [19, 20] et recouvrent en partie ce qui a été dit lors des REWICS 2004.

Bref, riches et variés par le contenu, les REWICS 2004 valaient le détour !

Sources :
[1] http://www.arafox.com
[2] http://www.esnet.be
[3] http://www.upcase.be
[4] paul@koha-fr.org
[5] http://www.koha.org
[6] http://www.koha-fr.org
[7] http://www.linagora.com
[8] http://bibliotheque.bgp-fr.com
[9] http://www.library.geac.com/page/infosheetfr_LIB.html
[10] http://www.paprika.net
[11] http://www.rhd.be
[12] http://www.mozilla.org
[13] http://www.openoffice.org
[14] http://www.gimp.org
[15] http://www.adobe.com
[16] http://www.linuxfrench.net/
article.php?id_article=1199
[17] http://www.zdnet.fr/actualites/
technologie/0,39020809,2061703,00.htm
[18] http://www.zdnet.fr/actualites/
business/0,39020715,2119806,00.htm
[19] http://wiki.crao.net/index.php/
BiblioTicLivresElectroniquesOuNumériques
[20] http://www.educnet.education.fr/dossier/livrelec/techno.htm
[21] http://www.vnunet.fr/actu/
article.htm?numero=8309&date=2001-08-30
[22] http://www.liberation.com/ebook/actu/20010806.html
[23] http://www.freescape.eu.org/biblio/article.php3?id_article=43
[24] http://www.vilya.org/dcssi/rapport_DCSSI-node8.html

Posté le 22 mars 2004.


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