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Jamendo : un futur Sourceforge de la Culture Libre ?

La Journée du Libre de Mons (20 mai 2006) [1] a été l'occasion d'une intéressante présentation de Laurent Kratz sur l'avenir de la Culture Libre (notamment en matière de modèles d'affaires) et, plus particulièrement, des Creative Commons [4] et de Jamendo [2], dont il est co-fondateur. Jamendo a aujourd'hui dépassé les 1000 albums et est entré dans le Top 100.000 Alexa des plus grands sites mondiaux. Selon son co-fondateur, ce n'est qu'un début !


Jamendo est une plate-forme de découverte d'artistes issus de la Culture Libre (ou de l'Open Music, suivant le qualificatif que l'on préfère). La diffusion se fait en streaming pour une pré-écoute ou en pair-à-pair pour le téléchargement des albums complets. Les albums sont apportés par les artistes eux-mêmes. Jamendo facilite d'ailleurs la soumission d'albums, à l'aide du jamloader, un outil qui permet aux artistes d'envoyer leur cédé sur Jamendo de façon entièrement automatisée et électronique. Une fois soumises, les oeuvres sont évaluées et taggées par la communautés. Le système est donc largement basé sur la co-création [11].

Laurent Kratz [3], co-fondateur de Jamendo et fondateur de la société Neofacto [12], décrit une évolution de l'industrie de la musique avec le développement de l'Internet. Pour lui, l'industrie du disque évolue d'une industrie du stock (on presse des cédés puis on les commercialise) vers une industrie du flux (la musique est diffusée sur Internet en streaming ou téléchargée). Côté téléchargement, l'essor est venu des systèmes pair-à-pair tels que BitTorrent ou eMule, qui permettent une diffusion à moindre coût par le partage de la bande passante. Alors que 70% des serveurs Internet tournent aujourd'hui sous Linux, Laurent Kratz imagine un monde où 70% de la musique serait sous licence Creative Commons [4].

Laurent Kratz cite quatre facteurs de succès pour ce mouvement. Primo, l'existence d'un amateurisme de masse (le terme amateurisme ne doit pas ici être pris dans un sens péjoratif, mais dans un sens recouvrant des artistes de qualité dont la création musicale n'est pas la profession principale). Deuxièmement, la présence d'activistes en réseau. Troisièmement, une demande commerciale. Quatrièmement, la présence d'un "grand méchant loup" (Microsoft dans le domaine du logiciel ; les majors -Vivendi, Sony BMG,...- dans le domaine musical).

C'est dans ce contexte de croissance prévisible de la musique sous Creative Commons (mouvement de la Culture Libre ou de l'Open Music) que Jamendo souhaite trouver son modèle d'affaires (et se positionner comme acteur commercial). Laurent Kratz voit en effet cette plate-forme devenir un Sourceforge [13] de la Culture Libre. A cette fin, un business plan permettant de rechercher des investisseurs a d'ailleurs été réalisé avec l'aide d'Alex Papanastassiou [5], diplomé de Solvay [6].

Pour le moment, Jamendo se rémunère essentiellement par la publicité de type Adsense. Classé 17.106ème site mondial sur Alexa [10], le site bénéficie en effet d'un trafic important. Cela ne permet pas à ses fondateurs de vivre de cette activité (le site génère quelques centaines d'euros par semaine, le chiffre exact ne pouvant pas être divulgé, conformément au règlement Adsense) mais assure en tout cas le financement de la bande passante et du matériel. Le téléchargement en tant que tel coûte très peu à Jamendo, puisque les technologies eMule et BitTorrent sont utilisées. Jamendo se rémunère aussi, plus modestement, sur les dons faits aux artistes. Ces dons ont un minimum de 5 euros mais vont parfois jusque 50 voire 100 euros. Un artiste populaire peut ainsi récolter plusieurs milliers d'euros par ce système (le chiffre de 2 à 3.000 euros a été évoqué pour un artiste phare de la communauté). Jamendo ne prélève pour sa part que 50 cents.

Jamendo souhaite maintenant aller plus loin en jouant un rôle d'intermédiaire entre les artistes et les utilisateurs professionnels. Ainsi, Jamendo souhaite mettre en place un système de licensing par lequel un artiste percevra une rémunération quand, par exemple, un publicitaire voudra utiliser une musique CC-NC. Laurent Kratz parle d'un taux de rémunération de l'artiste de 80%, contre 20% pour Jamendo !

Jamendo compte également se financer sur la publicité inclue dans le streaming MP3 diffusé en basse qualité sur la bande passante du site. La publicité sera bien sûr absente des albums diffusés en P2P, puisque dans ce cas la diffusion est réalisée essentiellement par les utilisateurs eux-mêmes.

Jamendo souhaite rester un système permettant la découverte d'artistes (à ce titre, la création de charts est exclue pour le co-fondateur), généralement nouveaux. C'est pourquoi la navigation est centrée sur le principe des nuages de tags. Si une modération en comité restreint existe à la soumission des nouveaux albums (environ un par jour actuellement), c'est aussi essentiellement la communauté qui évalue et commente la qualité des albums.

Laurent Kratz est également attentif en matière de reconnaissance juridique des Creative Commons. Ainsi, deux jugements, en Espagne et en Hollande, ont été rendus en faveur de ces dernières. En Hollande, ''une personne avait placé sur le site Flickr des photographies sous licence CC-NC-SA (Creative Commons, Non-Commercial, Share Alike), licence n'autorisant pas les utilisations commerciales de l'oeuvre. Le tabloid néerlandais «Weekend» a pourtant utilisé une de ces photographies dans son journal. L'auteur de la photographie a donc porté plainte contre le journal, et a obtenu gain de cause'' [9]. En Espagne, ''la SGAE, l'équivalent de la SACEM en Espagne, a porté plainte contre le propriétaire d'un bar-discothèque. La SGAE l'accusait de ne pas avoir payé les droits d'auteur pour la musique qu'il diffusait dans son établissement (la SGAE et la SACEM sont chargées de collecter cet argent auprès des diffuseurs et de le redistribuer aux artistes). Or, le propriétaire du bar a pu prouver qu'il diffusait exclusivement de la musique sous Creative Commons, en toute légalité. Ce jugement ne concerne pas directement la validité de la licence Creative Commons, mais montre que les tribunaux reconnaissent maintenant qu'il existe de la musique en dehors du circuit traditionnel des sociétés d'auteurs'' [9].

Notons que, outre Atlantique, d'autres communautés commerciales de ce type se sont déjà installées telles que Magnatune [7] ou Soundclic [8].

Element intéressant, Laurent Kratz voit un glissement des licences Creative Commons non libres vers les licences Creative Commons libres. Il constate ainsi que des artistes, méfiants au départ, mettent aujourd'hui leurs nouvelles oeuvres sous CC-BY-SA. Il y voit un glissement similaire à celui qui s'est opéré dans le domaine du logiciel, dans lequel on est progressivement passé du free download au free software. Selon lui, l'usage abusif des DRM dans le monde musical va entraîner le même mouvement vers la musique libre que celui amorcé dans le domaine logiciel face aux systèmes de dongles (matériels destinés à valider le droit d'utiliser un logiciel).

Sources :

[1] Journée du Libre à Mons (20 mai 2006)
[2] http://www.jamendo.com/
[3] http://lkratz.blogspot.com/
[4] http://creativecommons.org/
[5] http://alexpapa.blogs.com/
[6] Jamendo : ça chauffe
[7] http://www.magnatune.com/
[8] http://www.soundclick.com/
[9] Jugements intéressants autour de Creative Commons
[10] http://www.alexa.com/search?q=www.jamendo.com
[11] http://www.ecocentric.be
[12] http://www.neofacto.lu
[13] http://www.sourceforge.net/

Posté le 29 mai 2006.


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